On régate en hiver
Depuis décembre, les cap horniers et les régatiers hauturiers virtuels,vissés sur leur smartphone ont envahi les conversations sur les quais de gare et dans les transports.
Votre voisin de banquette , vous avoue navré, en costume cravate, qu’il s’est échoué la nuit dernière en Australie alors que sa fille qui va encore à l’école précise d’une voix fluette que ça fait deux fois qu’elle fait naufrage au Cap Horn.
Dans une autre conversation un voisin, apparement non moins mythomane,annonce penaud à un autre qu’il vient de perdre 30 000 places en une nuit mais qu’il est inquiet pour un copain de son club pourtant bien placé qui a mystérieusement disparu des écrans depuis Noel.
Des épouses étonnées voient sans comprendre,en pleine nuit un mari se lever en marmonnant qu’il « va virer de bord ».
Le coupable, vous l’aurez deviné c’est le Vendée globe virtuel qui entraine des centaines de milliers de régatiers numériques non pas sur les océans à quinze noeuds de moyennes, secoués par les vagues, sur fond sonore de lessiveuse, mais fébrilement penchés sur un écran minuscule à intervalle régulier.
L’épidémie encore pire que la grippe a frappé sans distinction toutes les générations, la forme la plus grave se manifeste par l’achat frénétique d’options onéreuses vous permettant sans nul doute de doubler l’adversaire.
Mais j’apprends à l’instant que de nombreux sociétaires frettois ont été touchés par le phénomène et se disputent allègrement la moindre place en surveillant jalousement la progression de leur meilleur adversaire et néanmoins ami.
Evidemment les sports nautiques ne peuvent pas rester indifférents à ce qu’on doit bien considérer comme un phénomène de société, aussi vous serez bientot tenus au courant du palmarès frettois de cette odyssée qui en vaut bien d’autresdans une prochaine chronique.