Josian a largué les amarres le 24 septembre 2025
Avec Josian Knock, c’est une figure du quai de Seine à La Frette qui nous a quitté dans 82 eme année . Cet ancien marinier qui vivait sur le Neptune, un ancien ravitailleur, à quelques encablures du club était aussi un ami des SNF . Iil a longtemps assuré le remorquage des voiliers frettois vers le Pecq, lors de la fameuse régate » la Descente de Seine ». C’était à chaque fois une exacte reconstitution des peintures de Léon Haffner , le fameux illustrateur des régates de Seine avec deux files de bateaux derrière un auto moteur.
Sa silhouette bien enveloppée surmontée de sa fameuse casquette de capitaine moustachu était familière aux piliers du club jusqu’aux années 2020.
A sa retraite , il y a bien des années, Josian avait amarré son vieux navire transformé en bateau logement à La Frette non loin de l’ancien port plâtrier où se trouve actuellement le club de voile . Il y avait retrouvé de l’autre côté de la route, sa famille de cœur, quelques autres mariniers retraités installés sur la terre ferme.
C’était un membre incontournable de cette petite communauté d’anciens et de la vie du fleuve , convivial et truculent , il possédait le don de l’amitié.
Il ne manquait jamais un pardon de la batellerie à Conflans Sainte Honorine, au mois de juin, larguant à nouveau les amarres pour quelques heures avec des passagers frettois dans une joyeuse ambiance où la sobriété n’était pas toujours de mise .
Il était bien connu et apprécié au club de voile pour ses remorquages annuels vers le Pecq et l’accostage du Neptune avec l’amarrage des aussières était devenu un rituel sacré , le dimanche matin de la Descente dans les épaisses fumées d’échappement d’un moteur hors d’age. Mieux valait éviter de se trouver en tête de file des bateaux remorqués , un privilège généreusement laissé aux petits nouveaux qui participaient à la régate, allez savoir pourquoi.
Josian collectionnait aussi toutes sortes de drapeaux dont il pavoisait généreusement sa modeste péniche , ceux de la, Fédération française de voile faisaient bien sûr partie de la décoration.
D’étonnantes silhouettes campaient à demeure sur le pont bien encombré du bateau où il vivait, des mannequins de devantures de magasins, récupérés Dieu sait où, qu’il habillait différemment, selon les heures et les saisons. Ils montaient la garde, immobiles au milieu des pavillons , au grand étonnement des passants sur la route, et des régatiers sur le fleuve lorsqu’il qui tiraient des bords pour atteindre la bouée amont .
Josian vivait avec le souvenir douloureux d’un drame qui avait endeuillé sa vie entière, la noyade de sa femme et de son jeune fils , tombés à l’eau lors d’une manœuvre d’accostage du temps où ce jeune père de famille était un marinier actif.
A la Frette , ses voisins et amis, les anciens du fleuve, sa famille d’adoption , formaient son univers et l’entraide n’était pas un vain mot, ainsi, un ami avait installé une climatisation, sur son navire, alors que d’autres l’aidaient à entretenir son moteur .
les croisières amicales qu’il organisait parfois étaient toujours de grands moments festifs qui marquaient les mémoires et alimentaient longtemps les conversations .
lors du dernier remorquage des bateaux du club, pour la fameuse descente de Seine, les passagers avaient remarqué , le vol obstiné d’une poule d’eau dans le sillage de la péniche, la malheureuse cherchait tout simplement à regagner le nid qu’elle avait discrètement construit à l’arrière d’un bateau sédentaire subitement redevenu nomade.
Au fil des ans ,le pont du bateau paraissait un peu plus encombré, la couleur de la rouille un peu plus marquée et l’accès à son repaire, deux passerelles instables bizarrement reliées au mépris des lois élémentaires de la physique et des règlements de sécurité , un peu plus périlleux.
Poids des ans, chutes, cascades involontaires , multiples interventions des pompiers alertés par des voisins réactifs , la mort dans l’âme , le capitaine dut se résoudre à abandonner son navire il y deux ans , en gardant toutefois l’espoir d’y retourner un jour.
Josian nous a beaucoup appris sur la vie des professionnels du fleuve pendant toutes ces années de voisinage .
Bonne route à toi Josian maintenant que tu as rejoins tes fantômes .