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DESCENTE DE SEINE DU 15 JUIN 2025

DESCENTE DE SEINE DU 15 JUIN 2025

La version 2025 de la descente de Seine qui aurait du être la quarantième, hors annulation en raison de l’inondation de juin 2016 et de juin 2020 pour covid, a connu cette année une participation frettoise honorable avec une flotte de cinq quillards : les VO Ville d’Herblay, Corneilles en Parisis, Jack Mathurin et Paul Fischesser plus le Flying.

La flotte au près vers la ligne d’arrivée à La Frette

Rendez vous respecté à 8 heures au club pour un départ à 09 h 20 en remorque derrière les deux newmatics pilotés par Yves et Frédérik . Arrivés le long des quais déserts du club de Montesson vers 10 heures , nous n’avons pas de remorquage à effectuer car les bateaux du CVBS sont déjà partis. Notre remarque moqueuse du style « Vous ne vous êtes pas réveillés? » tombe à plat, lorsque la vigie du CVBS nous demande inquiète, constatant notre retard, si nous avons eu une panne…

Cette année , le club du Pecq avait respecté l’horaire avec une précision suisse , ce qui fait qu’avec notre arrivée tardive, nous avons manqué le briefing. Légère consolation, car après le petit épisode de bruine de la remontée , il n’y avait pas encore de vent sur la ligne de départ. Mais du coup, pas possible de régulariser la situation des oublieux sans numéro de voile.

Une quarantaine de bateaux, cette année était réunie au Pecq, ce qui constitue une participation convenable, avec un peu moins d’habitables que jadis, mais plus de dériveurs et presqu’une vingtaine de quillards répartis presque équitablement entre VO et F15 ainsi qu’un Mini J.

les prophètes intraitables, accros aux sites météos des entrailles du web, avaient fermement prédit une édition sans spi , (j’ai gardé les preuves!) en raison du vent du nord annoncé. Cependant, avec une légère variante un peu contrariante,constatée dans la vraie vie, le spi s’est finalement révélé être un atout précieux , ce qui relativise la valeur des prévisions des prophètes en pénalisant cruellement quelques équipages trop crédules .

Première manche au déroulement classique d’une course en accordéon par vent faible avec tourbillons, démarrages, échappées suivies de regroupements , une belle illustration de la formule « Les premiers seront les derniers » , en remerciant le dieu du courant qui nous a permis d’atteindre Montesson.

le groupe quillard vers l’arrivée à La frette

C’est dans ces conditions qu’on peut observer scientifiquement les caractères et faire un peu de tri dans le monde cruel mais passionnant des régatiers . Ce serait un régal pour une thèse de psychologie mais je crois que rien d’essentiel et de vraiment concluant n’a encore été consacré au sujet .

Commençons par l’équipage conflictuel, classique, barreur vs équipier, mixte ou pas, où on ne se rate jamais, car toute consigne est infailliblement accompagnée d’un reproche, ingrédient redoutable dans un espace restreint comme un sous marin, un ascenseur ou… un voilier. Toute indication, toute information, tout propos, manifeste expressément une contrariété , prétexte idéal pour rabattre son caquet à l’autre membre de l’équipage, dans une saine ambiance de règlements de comptes, entretenue avec obstination ..Un nœud mal placé , une voile mal réglée, un choix tactique discutable, tout finit par « s’ébruiter » pour la plus grande joie des autres équipages, par un puissant réglage du volume des décibels des cordes vocales. Un témoin innocent , tout à fait entre nous, une catégorie qui exclut par principe tout régatier, pourrait penser qu’il n’y a pas loin de la scène de ménage à la scène de crime.

Plus discret et aussi,nettement plus classe,l’équipage où figure une éminente personnalité, respect réciproque des membres de l’équipage , calme et concentration , échanges courtois avec les autres équipages en cas de regroupement , avec une touche d’humour dans les dialogues , un autre monde, vous dis je !

D’autres équipages paraissent nettement plus zen , la confiance fait partie du forfait, on ne s’énerve pas, ça ne sert à rien , c’est du temps perdu , bref le mot d’ordre c’est « self control ». Ce genre d’équipage a généralement quelques années de navigation commune quelle que soit sa composition. Le monde du silence en quelque sorte. Pour être honnête , en d’autres circonstances, avec d’autres équipiers, les membres de ce type d’équipage ont pu, autrefois , dans une autre vie, passer par la case conflictuelle. On s’améliore parfois avec le temps qui n’est pas uniquement assassin .

Il y a aussi l’équipage de copains de la même génération, qui régate occasionnellement sans autre ambition que celle de participer à la fête, de coller au maximum à ceux qui se débrouillent. Une ambition parfois « rangée dans le caisson » après quelques déboires tactiques, et remplacée par celle beaucoup plus simple de terminer la course. NB: Ce genre d’équipage généralement amical et convivial est friand des dialogues de « l’équipage conflictuel  » évoqué plus haut. Quelques réparties bien placées font leur bonheur pour la journée, consolidant ainsi leur bonne humeur habituelle et naturelle. » il leur en faut peu pour une régate réussie ! » remarquera mon équipier qui a le sens de l’observation.

Le barreur joyeux et exubérant, quant à lui, aime faire partager ses réflexions à voix haute quand il vous croise. Il vous casse un peu les pieds pendant la régate, avec des commentaires qu’on ne lui demande pas dès qu’il se rapproche,un peu dans les épisodes accordéons. C’est un peu le Séraphin Lampion du yachting qu’on aimerait voir plus loin pour ne pas l’entendre quand on a a besoin de concentration, même si on se revendique, à tort ou à raison, de la catégorie zen .

le barreur buté, voir obtus, est un autre spécimen , vissé dans ses certitudes, comme un taquet sur un caisson, profitant de la masse de son bateau, il ne changera jamais de cap, et récitera d’une voix ferme après l’inévitable choc entre bateaux, épisode dont il a l’habitude , les pires inepties pour justifier l’injustifiable, un personnage à fuir à tout prix quand le recentrage est possible.

Bon, vous l’avez compris, les équipages, les régatiers, c’est un peu comme les schtroumpfs et un modeste article ne suffirait pas à les catégoriser.

Revenons à la régate dans les conditions évoquées plus haut, je résume, après une heure trente, arrivée de deux ou trois grappes bien compactes de bateaux regroupés au vent arrière à Montesson , le cauchemar d’un comité de course, ce qui entraînera plus tard, quelques désillusions de coureurs injustement oubliés , le spi cachant leur numéro. Mais le recours à la vidéo dans une société où tout le monde est cinéaste peut aider à rétablir une chronologie réaliste.

Halte à Montesson, mouillage rock and roll, on n’a pas l’habitude sur le fleuve, grappin scientifiquement coincé dans des morceaux de moquette préhistorique tapissant la vase depuis au moins…plusieurs siècles , apéro réconfortant , et enfin deuxième manche.

Comme dans la fable, rien ne sert de courir, il faut partir à point , tant pis pour les simulations laborieusement établies par ordinateur depuis plusieurs semaines, car le vent était aussi capricieux qu’à la première manche. Il fallait une fois de plus savoir pratiquer l’art du recentrage, lancer le spi brièvement et judicieusement, et surtout profiter des indications tactiques précieuses de son équipier (zen et observateur, comme il se doit). Il fallait aussi un moral d’acier pour gérer les regroupements objectivement » injustes » succédant « aux talentueuses échappées objectivement si méritées ».

Pour finir entre quillards, les F15 dans ce type de petit temps ont largement profité de leur faible poids et de leur quille biscornue, pour prouver, une fois de plus leur évidente supériorité en vitesse sur les Vent d’Ouest , le tout aggravé par un temps compensé plus favorable. ( Je sais de quoi je parle avec une objectivité inattaquable, puisque je barre un Vent d’Ouest !). Malgré un regain de vent dans la ligne droite vers la Frette, avec un bon près, les VO n’ont pas pu combler leur retard.

Les résultats affichent tout de même quelques satisfactions pour notre beau club de La Frette, Claude et son équipière Caroline seconds en quillard sur F15 doublent tous les autres F15 et VO, mais se font doubler au classement général par l’ami Pierre Denis en Mini J et en grande forme après calcul des handicaps. ( Je ne dis pas que ça venge le temps compensé objectivement défavorable des VO par rapport aux F15, mais un peu quand même..)

Le VO Paul Fischesser d’abord annoncé 12eme au classement général des quillards a finalement obtenu un reclassement à la 8eme place après demande de rectification prouvée par vidéo . François et Eliott avaient franchi la ligne premier quillard en temps réel à la première manche et espéraient donc mieux. (On a beau se revendiquer comme régatier de la catégorie zen, faut quand même pas pousser ! )

Un grand merci aux conducteurs des bateaux de sécurité très pros, Fred et Yves pour leur présence et leur amitié , à Caroline,Stéphane et Jeanine pour la buvette, à Didier et Jean au comité et au drone pour les photos, aux copains du club et à mon équipier habituel pour son efficacité, son calme et son humour .

François